Connaissez vous Robert Desnos ? Mettre en musique son rêve, c'est suivre son chemin jusqu'à sa réalité  qu'il ne reste plus qu'à chanter.

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Et dans le clair-obscur de ce rêve, reconnaître un visage et le sortir des manuels scolaires pour entendre un extrait de …

J’ai tant rêvé de toi 

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?

J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.

Ô balances sentimentales !

J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. 

J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme, qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’a être fantôme, parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos (Corps et Biens)

Armelle Chitrit a mis en musique ce poème de Desnos dont Robby Marshall a fait les arrangements et l’interprétation. Ce morceau fait la transition entre les deux actes du spectacle « Un bon copain », créé en Avignon en 2016