Le vertige, l'insolite, l'insaisissable ?Comment le poète parvient-il à tisser une "charnière entre la vue et le coeur?"
La poésie de Philippe Jaccottet
Hommage au poète-traducteur qui nous permet d’appréhender le réel en pacifiant les frontières entre le visible et l’invisible.
Faisant écho à Ossip Mandelstam (qu’il fait venir en un temps de la traduction allemande de Paul Celan au Français), il écrit : « Ce monde , difficilement habitable, est notre seul partage »
Entre l’émerveillement et l’inquiétude, la tâche stylistique du poète-traducteur s’exerce à remédier progressivement à tout leurre imaginatif.
« D’une langue à l’autre, il n’y pas d’identité mais des possibles en terme d’identité. Entre ces passages, la traduction révèle un potentiel dans l’écriture qui fait de l’écriture même le passage de soi à l’autre, passage qui permet en outre, et de multiples façons de porter l’autre ne soi.
La traduction serait donc à la source de ce chemin créateur, novateur, en dépit du pacte mimétique dont elle se nourrit en toute légitimité, avec lequel elle se déguise aussi, pour mieux être autre, pour mieux troquer ses apparences »…
(Sherry Simon, Le trafic des langues, compte rendu d’Armelle Chitrit dans la revue Discours social)